Passoire thermique : une notion officielle, pas un slogan
Le terme est largement utilisé, mais il repose sur une base juridique précise. En France, une passoire thermique est un logement classé F ou G au Diagnostic de performance énergétique (DPE). Ce classement dépend de deux critères :
- la consommation d’énergie primaire (énergie brute produite à la source);
- les émissions de gaz à effet de serre.
Peu importe le ressenti des occupants ou l’ancienneté du bien, seul le résultat du calcul réglementaire fait foi.
Depuis 2021, le DPE est opposable, ce qui signifie qu’il a une valeur juridique. Il conditionne désormais la mise en location, la vente et, à terme, la valeur patrimoniale du logement.
Un diagnostic devenu central, mais encore imparfait
Pensé comme un outil de référence pour orienter la rénovation énergétique, le DPE concentre aussi les critiques. Méthode trop théorique, résultats parfois incohérents, pénalisation de certains logements anciens ou compacts : les retours ont mis en évidence des limites structurelles.
Face à ces constats, l’État a déjà procédé à des ajustements, notamment pour les petites surfaces. Mais la montée en puissance des interdictions de louer a rendu ces imperfections plus sensibles, voire politiquement risquées.
Pourquoi une nouvelle réforme du DPE fin 2025 ?
La réforme annoncée vise avant tout à sécuriser un outil devenu déterminant pour des millions de propriétaires. Les objectifs affichés sont clairs :
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fabiliser les calculs et réduire les écarts entre diagnostics
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rendre le classement plus lisible et cohérent selon les usages réels
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éviter des blocages sur le marché locatif et immobilier
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aligner le DPE avec les objectifs climatiques européens
Il s’agit moins de changer les règles que de restaurer la confiance. Mais cette réforme va faire sortir 850 000 logements des catégories F et G, au profit, surtout du marché immobilier.
Pourquoi favoriser le chauffage électrique ?
Un point cristallise les débats : la place croissante du chauffage électrique dans les orientations publiques. Ce choix s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, l’électricité française est majoritairement décarbonée, grâce au nucléaire et aux renouvelables. Ensuite, les équipements récents — pompes à chaleur, radiateurs électriques performants — offrent de meilleurs rendements.
Enfin, dans le calcul du DPE, l’électricité bénéficie désormais d’un coefficient d’énergie primaire revu, la rendant plus compétitive face au gaz ou au fioul, ce que contestent les acteurs de ces énergies. Un signal assumé : encourager l’électrification des usages pour réduire les émissions à long terme.
Un équilibre délicat à trouver
La réforme devra trancher entre ambition écologique, acceptabilité sociale et stabilité du marché. Derrière la technique du DPE se joue une question centrale : comment réussir la transition énergétique sans fragiliser l’accès au logement.