On désigne sous l'appellation de "pierre de pays" différents types de pierre qui ont généralement en commun d’être grossièrement équarris,
et assemblés par affinités, avec force mortier. Pour les petites constructions telles que des murs de soutènement, les pierres de pays sont souvent simplement empilées, sans mortier (murs de pierres sèches).
Abondance et coût modique
La très grande majorité des maisons anciennes de nos campagnes est faite en pierre de pays, dont la principale qualité était, à l’origine, l’abondance et donc le coût modique sur le lieu même de construction des habitations. Elles permettent aussi bien la construction d'un muret que d'une maison entière.
Façonnage par éclats
Dans bien des régions, les pierres de pays utilisées en construction semblent directement héritées de celles qui servaient d’outils à nos lointains ancêtres. de la préhistoire Souvent très dur, rarement homogène, ce type de pierre se travaille par éclats, à l’aide de différents outils, dont le martelet, sorte de petite pioche à fer plat et pic opposés. Il s’agit le plus souvent de pierres de “cueillette”, ramassées dans les champs au gré des labours et que le maçon façonne pour les rendre compatibles les unes avec les autres. Celles qui bénéficient d’au moins une face plane viendront prendre place en façade de l’ouvrage, les plus irrégulières ou les éclats servant de remplissage entre deux couches de parement.
L'assemblage des pierres de pays
L’assemblage de ce type de pierre se fait depuis toujours à l’aide de différents mortiers, eux-mêmes issus souvent de ce que le maçon trouvait sur place. Beaucoup de constructions sont “montées” avec un mortier de terre argileuse, parfois additionné de chaux et de sable. Le mortier de ciment, connu dès l’Antiquité et fabriqué à partir de cendre volcanique, fut ensuite oublié et ne fera sa réapparition qu’au XIXeme siècle sous sa forme artificielle. La tendance actuelle est à l'utilisation de mortier de chaux voir de mortier bâtard (chaux + ciment).
En restauration, il est souvent difficile de retrouver la tonalité des mortier d'autrefois, ce qui conduit généralement à décaper l'ensemble des joints pour les refaire entièrement avec un mortier de chaux ou bâtard.
De l'enduit ancien au pierres apparentes
Nos ancêtres proches n’avaient pas le goût des matériaux bruts que nous aimons tant maintenant : ils coffraient les poutres, cachaient les solives sous le plâtre et enduisaient les pierres quand elles n’étaient pas “de taille”. On oublie trop souvent qu’en procédant de la sorte, ils assuraient l’étanchéité des façades en même temps qu’ils dissimulaient à la vue ce qui leur apparaissait comme un assemblage grossier de pierres irrégulières, indigne d’être montré. L’enduisage de ces pierres avait aussi pour fonction d’assurer l’étanchéité de joints très sensibles aux infiltrations.
Le retour de l'enduit
La restauration des demeures anciennes passe souvent désormais par un décapage de l’enduit de façade d’origine et par une réfection des joints par un mortier bâtard. Il faut pour cela que la qualité des pierres en vaille la peine. Sinon, l'on procèdera à l'enduisage complet de la façade avec un mortier à base de chaux et de pigments naturel.
Un impact carbone faible
Autrefois comme aujourd'hui, l'impact carbone de la construction en pierre de pays est faible, quelle soit collectée sur place ou résultant de la destruction de bâtisses anciennes tels que les vieux bâtiment de fermes aujourd'hui désaffectés (économie circulaire), commercialisée par des entreprises spécialisées. L'utilisation d'un mortier de chaux et de sable local participe à cette pratique.